Le bling-bling est-il mort ? Avec 57% de baisse cumulée de fréquentation en deux ans, le salon du signe extérieur de richesse tire sa révérence.
On y trouvait tout pour s’acheter un statut aux yeux de certains, la nostalgie d’une époque insouciante pour d’autres. Bijoux, montres de luxe, vêtements de marques à prix cassés. SUV et autres cabriolets avaient fait le déplacement encore en 2023, avec l’ambition de trouver acquéreur.
“Les époques passent, les modèles changent”
« Le signe extérieur de richesse est un signe intérieur d’insécurité ». « Une relique de la société de consommation ». Interrogés sur la mort du salon, les internautes évoquent tous un changement de paradigme et « une nouvelle manière d’appréhender le luxe et le regard des autres ».
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Le signe extérieur de richesse est ringard depuis bien longtemps.
Marie, 38 ans : Ce qui a pu générer de l’admiration à une époque, est aujourd’hui ringard. L’accumulation matérialiste qui faisait envie sur Instagram ne fait plus rêver grand monde. Le mindset a d’ailleurs complètement changé. Les français ne se font plus piéger à vouloir exister à travers le regard des autres. On aspire à exister tout court à travers des expériences qui rendent vivant.

Le luxe c’est l’accès à ce qui nous fait vibrer.
Joël, 23 ans : si le luxe devient accessible, et c’est le cas par exemple avec le mass-tige (prestige de masse ndlr), la fast fashion et les économies d’échelle, le désir d’afficher des signes d’appartenance à une classe devient obsolète. On tombe alors dans une définition du luxe beaucoup plus saine et durable : c’est l’accès à ce qui nous fait vibrer. C’est quelque chose de beaucoup plus profond et personnel, sans compétition entre nous, et souvent sans impact sur l’environnement. Je souhaite à tous d’expérimenter ce luxe là, il est plus satisfaisant qu’une Rolex au poignet.
Myriam, 61 ans : Le luxe garde sa valeur d’enchantement, c’est à mes yeux un concept qui va au-delà de la valeur marchande. Le signe extérieur de richesse n’a plus rien d’exclusif, et c’est une très bonne chose. Ce luxe “statutaire” et bling-bling, qui représente un désir d’appartenance à une classe, existe toujours pour ceux qui veulent afficher leur réussite. Mais c’est démodé et pour beaucoup, et c’est le synonyme d’une réussite parfois artificielle qui n’est pas le reflet de la réalité : les beaux habits et les beaux bijoux sont accessibles à une part plus importante de la population qu’il y a 50 ans, ça n’a plus grand intérêt, et manque cruellement de profondeur. La société a changé, et c’est tant mieux.
Le luxe dans une société qui pousse au conformisme, c’est de se connaître suffisamment pour ne pas se contenter d’une définition toute faite du luxe.
Matthieu, 43 ans : Le luxe dans une société qui pousse au conformisme, c’est de se connaître suffisamment pour ne pas se contenter d’une définition toute faite du luxe. Nos définitions sont souvent teintées d’injonctions à la consommation, au conformisme, et de compétition entre nous : mon statut ou ma possession n’a de la valeur que si il ou elle est meilleur(e) que celui(celle) des autres. En ce sens, avoir une définition du luxe qui m’est propre, qui résulte de mon identité et de mes expériences, rapproche et crée des liens plutôt que d’alimenter une course sans fin entre nous.
Le luxe c’est la rareté. Tout le monde peut posséder. Mais peu parviennent à être.
Georges, 56 ans : Le luxe se définit souvent par la rareté. Aujourd’hui ce qui est rare, ce n’est plus les beaux habits, les belles voitures, ni les belles maisons. Le luxe, c’est la solitude dans une ville surpeuplée, le silence dans un monde bruyant, le temps dans un monde qui court, les relations profondes dans un monde de consommation de la relation humaine, la nature pure dans un monde pollué, la culture vraie dans un monde de divertissement sans saveur, l’esprit critique dans un monde de dogmes, l’amour dans un monde d’exploitation de l’autre, la sérénité dans un monde anxiogène en burnout, l’éclosion de notre originalité dans un monde conformiste, l’authenticité dans un monde d’image et de paraître. En clair, c’est un verre d’eau quand on a soif, un arbre dans un espace déforesté. Et tout ça n’a ni limites (hormis notre temps, limité lui), ni prix. Le seul prix à payer, c’est d’abandonner la définition consumériste du luxe, et la course qui va avec.
L’image du luxe était devenue accessible à tous.
Albert, 39 ans : Pendant longtemps le luxe c’était un espace bien rempli, aujourd’hui, c’est avoir de la place pour ce qui compte vraiment, et ça passe à mes yeux par un certain minimalisme dans un monde de l’abondance absurde. Je ne comprends plus vraiment le bénéfice du signe extérieur de richesse.
Le problème avec le statut, c’est qu’il faut le défendre, et qu’il dépend aussi du statut des autres.
Laurie, 41 ans : J’ai été dans cette course au statut, et au signe extérieur de richesse pour l’afficher. Le problème avec le statut, c’est qu’il faut le défendre, car redescendre, c’est un échec. Moi je suis très bien où je suis, je n’ai pas cette valeur de compétition, ça ne prend pas sur moi, il n’y a pas d’enjeu du coup, et je n’ai pas de problème à laisser tomber si ça ne me convient plus. Si tu es par exemple le meilleur chef de la ville, un jour un critique culinaire vient, et dit que tu n’es plus le meilleur : ça va affecter ton récit interne, et tu vas perdre le vrai luxe, que sont par exemple ton plaisir à la tâche voire la confiance en toi. C’est le risque de baser ta confiance sur des critères externes, et donc, hors de ton contrôle. Plutôt que le meilleur chef de la ville, je préfère être le chef qui se fait plaisir chaque jour. Et la magie de tout ça, c’est que la passion authentique fédère et séduit.
Et Laurie ajoute : Pire, tu peux entrer dans une spirale dans laquelle tu t’imposes de prouver à nouveau, à la recherche d’un nouveau succès. Succès qui peut ne jamais arriver, et qui de toute façon n’est pas lié qu’à tes qualités quand il s’agit d’un succès aux yeux des autres. Donc je ne veux plus de statut, et je n’affiche plus de signe extérieur de richesse.
Merci à tous de nous avoir répondu.
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Disclaimer : Ces entretiens sont fictif, les personnages aussi.
Sources et inspirations :
- Discussion avec mon ami Jérémie sur la notion de statut à défendre. Merci !